Je sais pas mal de gens, et vous aussi, sans doute,
Qui clament par le monde où le sort les a mis,
Si vous parlez d’un tel : " c’est un de mes amis" ;
Ils en ont tant, qu’on peut en jalonner leur route.
De bon coeur je les plains ; pourtant je les écoute
En haussant une épaule autant qu’il est permis ;
Mais le supplice auquel mon cerveau fut soumis
Laisse pour quelque temps mes esprits en déroute.
Des amis ! Mais moi-même-et j’en suis trés heureux-
J’en ai, bons conseillers, aussi sûrs que nombreux,
Prés desquels l’heure passe sans nulle amertume.
Quels sont-ils ? Dans un coin, mes livres bien aimés,
Charmants causeurs ; là-bas, dans mon jardin sans brume,
Des Roses qu’on chérit, purs joyaux parfumés.
Journal des Roses
octobre 1908