Le printemps est venu faisant naître en bouquets
Jonquilles et crocus, jacinthes, primevères.
Allons voir le jardin, mais l’air est un peu frais,
Mets ton châle grand-mère.
Août sent bon les fruits mûrs et les blondes moissons,
Les jours sont longs et chauds, presque caniculaires.
C’est le temps des dîners, le soir sur le balcon,
Sans ton châle grand-mère !
La vendange se dore aux dernières chaleurs
De septembre frileux ; une brume légère
Tamise le soleil et voile ses ardeurs,
Prends ton châle grand-mère !
L’automne va finir ; les enfants envolés,
Dans la maison qui dort, tu restes la dernière
Vivant de souvenirs, le cœur un peu serré
Sous ton châle grand-mère !
Dans mes mains, j’ai pris le pauvre abandonné,
Nuage mauve et chaud à la douce lumière
Et j’évoquais le temps où j’avais tricoté
Ce châle...pour grand-mère.
Grand-maman est partie un soir d’hiver, tout blanc.
Dans le salon désert, au creux de la bergère,
J’ai trouvé bien plié, comme aux beaux jours d’antan
Le châle de grand-mère.
2ème prix 1980 Bugey - 2 Savoies - en poésie classique
Les Amis des Roses, 1982