A ma petite-fille
Dans un sentier des champs, au soleil de juillet,
Madeleine, dix ans, courait -c’est de son âge-,
Suivant un papillon doré mieux qu’une image,
Et qui devant l’enfant, sans se presser, fuyait.
A distance, sa mère, en l’observant, veillait.
"Petite, laisse-le, disait-elle, sois sage,
"Laisse vivre ( oh ! si peu !) ce pauvre être volage."
Et l’insecte emporta l’aile qui scintillait.
A l’enfant presque triste, un mot de son grand-père
La consola bientôt. "Venez, dit-il, ma chère,
"Nous ceuillerons des fleurs qui n’en souffriront pas."
Et la porte s’ouvrit d’un jardin plein de Roses ;
Il en fit une gerbe et la mit dans les bras
De sa fillette. Heureux les fronts sans plis moroses !
Journal des Roses
juillet 1908