Le vent fait chuchoter, comme autant de bavards,
Les feuilles, d’un beau vert, de l’étroit peuplier ;
Viens, nous écouterons leur verbe familier
Et le gai clapotis de leurs voix campagnardes.
Elles penchent déjà vers des teintes blafardes ;
Novembre va jaunir leur limbe, et le sentier
S’en jonchera ; nos pas les feront gazouiller,
Sur un air plus vibrant, des notes plus criardes.
De nos Rosiers aussi les rameaux apeurés
Au choc des premiers froids, esquifs désemparés,
Laisseront se flétrir leur dernière parure.
Et ce sera partout le vide, un vide affreux ;
Adieu feuilles et fleurs, plus rien dans la nature
Que l’aquilon plaintif au souffle douloureux.
Journal des roses
novembre 1909