Brumes hivernales

 Les grands pins vont berçant leurs cimes orgueilleuses
 Dans un ciel blême et froid ; leurs grêles rameaux verts
 Du plaintif aquilon répètent les concerts ;
 Plus de nids, plus d’oiseaux, plus de notes joyeuses.

 Plus de fourmillements dans les herbes soyeuses
 Qu’attriste le contact de nos mornes hivers.
 Les siécles sont donc faits des changements divers
 Imprimés aux saisons maussades ou rieuses.

 Mais quand se répandront, féconds et grâcieux,
 Les sourires d’avril égayant terre et cieux,
 Nos rêves d’espérance enfanteront des Roses.

 Et, plus tard, délaissant leurs corsets de satin,
 Celles-ci rediront, dans leurs métamorphoses,
 Les splendeurs dont l’été couronne le matin.

 
 A. Lebrun

 

 

Journal des roses

janvier 1910

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