Combien de millions de siècles sont passés
Sous l’astre propulseur des saions vagabondes ?
Nul ne le sait, et nul n’a su nombrer les mondes
Roulant dans l’infini leurs orbes dispersés.
L’esprit humain, jouet de rêves insensés,
Va consumant sa vie en oeuvres infécondes,
Et reste anéanti devant les lois profondes
Où s’égarent les sens impuissants et glacés.
Détachons nos penséeset nos regards timides
Des soleils migrateurs, Gemeaux ou Léonidés ;
Contemplons les beautés de la terre, et disons :
Quand Dieu créa les fleurs, il leur donna pour Reine
La plus belle, la Rose, et, sans ors ni blasons,
Mit une étoile au front de cette Souveraine.