Pas à pas

Il est tellement vieux, le Temps qui toujours passe
 Et passera toujours, que déjà des milliers
 De siècles endormis ont roulés sous ses pieds,
 N’en laissant à nos yeux qu’une confuse trace.

 Tout cède à sa puissance invincible. Il efface,
 Sans pitié ni remords, aussi bien les piliers
 D’une oeuvre de Titans que les roseaux ployés
 Par la brise. Il n’est rien qu’éternelle menace.

 Et pourtant, à côté des merveilles de l’art
 Qu’il effrite à la longue, un consolant regard
 Montre chez les humains l’empreinte du génie :

 La Rose, objet d’un culte autrefois, n’avait pas
 Ses splendeurs d’aujourd’hui ni sa grâce infinie ;
 L’homme aida la nature et fit mieux, pas à pas.

A. Lebrun

 

 
Journal des Roses décembre 1908

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