La vaste plaine était silencieuse et sombre.
La cité bourdonnante apaisait sa rumeur,
Bulbul berçait l’écho de son babil charmeur.
La nuit était sans lune au firmament plein d’ombre.
Les frondaisons, dont juin qui finit sait le nombre,
S’offraient aux derniers nids inspirant le rimeur.
Je me disais : demain Phébus en belle humeur,
Fera s’enfuir la brume où chaque soir tout sombre.
Et quand, le lendemain, sa féconde clarté
Rayonna sur la terre, une brise d’été,
Comme un frisson d’amour passa sur la nature ;
Les Roses, purs joyaux parmi tant d’autres fleurs,
Exhalaient leurs parfums à travers la parure
Qu’y mettait la rosée, en diamants de pleurs.
uin sourit, couronné du prodige des Roses.
Victor Hugo ( l’Ane)
Journal des Roses
Juin 1908